Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

femme du monde, et comme il se trouvait un peu gêné d’avoir autour du col, parmi ces gens très parés, deux doigts de soie noire au lieu de deux doigts de mousseline blanche, il chercha à s’échapper par la tangente et à gagner quelque coin moins inondé de lumière où ce solécisme involontaire de toilette se dissimulât plus aisément dans une ombre relative. Il eut beaucoup de peine à effectuer cette résolution, car Mme d’Ymbercourt le ramenait toujours au milieu du cercle par un coup d’œil ou quelque mot qui exigeait une réponse que Guy faisait la plus brève possible ; mais enfin il parvint à gagner une embrasure de porte conduisant du grand salon à un autre salon plus petit, arrangé en serre, tout treillagé et tout palissé de camélias.

Le salon de Mme d’Ymbercourt était blanc et or, tapissé de damas des Indes cramoisi ; des meubles larges, moelleux, bien capitonnés, le garnissaient. Le lustre à branches dorées faisait luire les bougies dans un feuillage de cristal de roche. Des lampes, des coupes et une grande pendule qui attestaient le goût de Barbedienne ornaient la cheminée de marbre blanc. Un beau tapis s’étalait sous le pied, épais comme un gazon. Les rideaux tombaient sur les fenêtres amples et riches, et, dans un panneau magnifiquement encadré souriait encore plus que le modèle, un portrait de la comtesse peint par Winterhalter.