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STATISTIQUE INDUSTRIELLE

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dessus la frontière pour prendre et donner. Un grand nombre de routes, tant royales que départementales, le sillonnent en tous sens et se croisent à l’infini, comme les <veines et les vaisseaux capillaires dans le corps humain, qui servent à faire circuler le sang, et à porter la vie jusqu’aux extrémités les plus éloignées du cœur. Parmi ces routes, il yen a six de royales, dont une de première classe, qui va de Paris à Genève, de l’endroit où les habitants s’appellent Monsieur à celui où ils s’appellent Citoyen ; les seize autres sont départementales et fort utiles encore, quoique d’une moindre importance. Une autre route qui n’est pas pavée et n’exige aucune réparation, une route qui n’est ni royale ni départementale, une route qui marche toute seule, c’est l’Ain qui traverse le département auquel il donne son nom du nord au sud depuis le Jura jusqu’au Rhône, prenant en chemin tout ce qu’il y a de bon et de vendable et les hetles pierres de Villebois, et les grands chênes et les grands sapins pour les remettre au Rhône qui les prend à son tour et les porte à Lyon la belle ville, et de là d’ans tout le midi de la France. Ces routes sont d’un intérêt plus haut encore qu’on ne le pense ; elles unissent le nord et le midi, Strasbourg l’Allemande, et Marseille la Grecque. ; l’est à l’ouest, Bordeaux la ville aux bons vins et Genève l’horlogère ; Lyon est là, à vingt enjambées de poste, prête à mettre en oeuvre tout ce qu’on lui enverra Genève à trente pas.

C’est par ces routes que s’acheminent vers la Savoie les bestiaux qu’elle nous demande ;’c’est par là que l’on porte à la Suisse et le vin et le grain qui lui manquent, c’est par là que passe le beau blé doré que la chaude Afrique envoie à Marseille sur ses tartanes et- ses brigantines, et que .Marseille