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parsifal

luisent sombres et fixes, sa robe bizarre est retenue par une ceinture en peau de serpent.

— Tiens, dit-elle à Gurnemanz, prends ! un baume ; s’il ne soulage pas, l’Arabie ne recèle rien qui puisse secourir le roi. Ne m’interroge pas, je suis lasse. Et elle se jette sur le sol comme une bête exténuée.

Cette femme, c’est la sauvage et mystérieuse Kundry. Nul ne sait qui die est ni d’où elle vient. Elle s’est faite la messagère des chevaliers du Graal ; les missions les plus périlleuses, elle les accomplit avec zèle et adresse ; mais jamais elle n’accepte aucun remerciement. Le bien qu’elle fait, son rire ironique, son regard mauvais semblent le démentir. On dirait qu’une affreuse malédiction pèse sur elle. Parfois, durant de longs mois, elle disparaît, et bien souvent Gurnemanz l’a trouvée inerte sous un buisson, plongée dans un sommeil étrange semblable à la mort.

Un cortège d’écuyers et de chevaliers précède Amfortas, porté dans une litière. Ils