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siegfried

flammes ; elle dort sur un haut rocher ; mais si tu osais traverser la fournaise, la vierge guerrière serait à toi.

Et Siegfried, plein d’enthousiasme, suit l’oiseau, qui prend son vol, comme pour le guider vers la divine fiancée.

Au troisième acte, nous revoyons Wotan. Penché au bord d’un gouffre, il évoque, plein d’une sombre angoisse, Erda, la pâle déesse qui voit les destinées du monde ; il veut l’interroger encore sur cette chute des dieux qu’elle lui annonça.

À cette voix souveraine, la dormeuse lucide s’éveille ; lentement elle monte de l’abîme, dans ses voiles blafards, les yeux demi-clos, toute couverte de rosée.

Mais elle n’a plus rien à apprendre à Wotan. — La fin est inévitable… Comme submergés par leurs propres créations, les dieux s’effaceront devant les hommes.

— Eh bien ! s’écrie Wotan, sans, doute las de sa divinité, c’est à cette fin que j’aspire. Pourtant, lorsque Siegfried, sautant de