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des banderilleros trois paires de banderilles, dont une s’est détachée ; il sauta par-dessus la barrière et fut tué par Dominguez d’une fausse et d’une seconde estocade lendido.

Quatre coups de pique, quatre paires de banderilles, une fausse estocade et un descabellado donné par la seconde épée ont eu raison de Numantino, un taureau assez faible ; descabellar un taureau, c’est, en termes de l’art, lui enfoncer la pointe du fer entre les deux cornes, juste dans la partie vitale du cerveau ; ce coup, lorsqu’il est bien réussi, détermine une mort instantanée.

Quant à Malos-Ayres, le cinquième taureau, il fondit assez bravement sur les picadores à sept reprises différentes, et reçut deux paires de banderilles. Il se présentait mal, et Dominguez le tua difficilement de cinq coups de vuela-pies.

Le héros de la course a été el Almirante, grand et beau taureau d’une vigueur remarquable, qui se précipita neuf fois sur les picadores, blessa plusieurs chevaux, secoua avec rage ses quatre paires de banderilles, et mourut noblement d’une estocade en os et de deux vuela-pies, portés par el Panadero. Ce courageux animal eût figuré avec honneur dans les places de Madrid et de Séville.