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salle de spectacle dans le débarcadère. — Il y avait vaudeville et pantomime ; madame Doche et un acteur du nom de Poirier jouaient un Monsieur et une Dame, Deburau et sa troupe, Pierrot coiffeur.

Le décor de forêt, le seul qu’on eût pu se procurer, ne convenait pas du tout à la situation d’un monsieur et d’une dame forcés de passer la nuit dans la même chambre d’auberge avec une intimité fâcheuse pour l’une, charmante pour l’autre. La pièce, jouée avec une gaieté folle à travers mille petits contre-temps de mise en scène, n’a peut-être jamais obtenu autant de succès. — Madame Doche s’y est montrée admirable de verve et d’entrain. Elle a dit aussi une ode de M. Belmontet avec un bonheur d’expression qui n’avait d’égal que sa bonne volonté.

Les petites danseuses danoises, ce corps de ballet lilliputien qui exécute des pas et des ensembles avec une précision admirable, formaient le bouquet de la représentation.

Dans Pierrot coiffeur, Deburau, ce mime si fin, si délicat et si expressif sans grimace, a fait rire aux larmes toute l’assistance ; cependant, de temps à autre, malgré la perfection de son jeu, un sifflet long, aigu, persistant, se faisait entendre ; ce bruit est toujours désagréa-