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chacune de ses chapelles pourrait former une église. À la cathédrale est joint un vaste cloître dont les murailles sont ornées de fresques peintes par Hayes, artiste de la décadence, doué d’une étonnante facilité. Ces fresques, qui ne sont pas sans mérite, jurent avec le style sévère du monument : l’intérieur de la cathédrale est d’une magnificence au-dessus de l’imagination. Le maître-autel, ou retable, s’élève jusqu’aux voûtes, comme la façade d’un temple gigantesque enchâssé dans le premier. Il étincelle vaguement à travers l’ombre avec des miroitements d’or, des luisants de jaspe et de pierres précieuses. Cinq étages le composent, divisés chacun en quatre compartiments où s’entassent les statues, les colonnettes, les volutes, les rinceaux, les bas-reliefs, les peintures sur fond d’or et tout ce que la furie ornementale d’une dévotion ardente qui ne trouve rien d’assez beau pour Dieu, a pu concentrer de richesses sur un espace donné. Cela est majestueux, sombre et splendide. Au revers de ce retable se dresse le plus singulier, le plus colossal et le plus excessif échantillon du style churrigueresque qu’il soit possible de voir. Le style churrigueresque correspond en Espagne à ce que nous appelons le rococo. Cette machine se nomme le transparent et consiste en une