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tude et commençaient à douter de nos talents de cicérone.

Cependant un grand mouvement de voitures avait lieu. Des omnibus attelés de mules et chargés de monde, des calèches de maître, des coupés de place, franchissaient la porte d’Alcala et filaient tous dans la même direction. Nous hélâmes un des coupés qui portait au coin de son impériale un petit drapeau indiquant qu’il était à louer, et nous dîmes au cocher d’aller où allaient les autres.

A los Campos-Eliseos, répondit-il en fouettant son cheval.

Les Champs-Élysées sont un immense jardin où danseraient l’ancien Tivoli, le jardin Mabile et le Château-des-Fleurs, — quelque chose comme Cremorn garden de Londres, mais bien plus vastes. Un théâtre de forme carrée, le théâtre Rossini, qui pourrait contenir deux ou trois mille spectateurs, une naumachie, un cosmorama, une salle de concert, des jeux de toute espèce, un café, en peuplent à peine l’étendue. On y tire, chaque soir, de fort jolis feux d’artifice, et personne ne va plus au Prado. Sic transit gloria mundi !

Le lendemain, nous allâmes visiter le Mueso real. On