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éventails pour faire comprendre par une image leur parole qu’on n’entendait pas au milieu de ce triomphant vacarme. Comment cette légère construction de charpentes, aussi combustibles que des allumettes, ne fut-elle pas incendiée par toutes ces flammèches ? C’est un véritable miracle.

Le dîner à la fonda de Pollarès, quoique partagé peut-être entre un trop grand nombre de convives, ne fut pas aussi mauvais que plus d’une correspondance l’affirme, et c’était un joyeux spectacle que de voir cette longue table aussi garnie d’hôtes, sinon de mets, qu’un des gigantesques repas de Paul Véronèse.

Une illumination des plus brillantes permettait de voir dans la rue comme en plein jour les figures et les toilettes des jolies femmes. Après avoir bien joui du coup d’œil, nous suivîmes la foule qui se portait vers le feu d’artifice. Il était fort beau : soleils à feux contrariés, cascades, boules de toutes couleurs, fusées, serpenteaux, marrons, bombes à pluie d’or et d’argent, rien n’y manquait. La pièce principale figurait une locomotive dont les roues de feu tournaient avec un train de grande vitesse, quoique la cheminée de la machine eût obstinément refusé de s’allumer. Il est