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ments métalliques, qu’elle pèse autant qu’une cuirasse et pourrait au besoin amortir un coup de corne, leur ceinture à plis redoublés enveloppant le buste presque de la hanche aux aisselles, leur grand chapeau qui rappelle un peu celui de nos forts de la halle, et la vara ou lance, leur unique arme défensive, terminée par une pointe dont la longueur est déterminée.

Les chulos sont les troupes légères de la course ; les picadores en sont les hoplites. Ils reçoivent, immobiles, le premier choc de l’ennemi, qu’ils ne peuvent ni fuir ni poursuivre. Ensuite apparurent dans toute leur gloire les deux espadas el Gordito et Mendivil, l’épée et la muleta sous le bras, avec la contenance, fière et modeste à la fois, convenable à de hardis compagnons qui vont risquer leur vie pour mériter les applaudissements d’un public difficile.

Derrière eux marchait un petit homme de tournure sinistre et mystérieuse, tout de noir habillé. C’était le cachetero, dont la fonction est d’abréger l’agonie du taureau, lorsqu’il ne meurt pas sur le coup au moyen du cachete, espèce de poignard qui tranche la moelle épinière.

Le cortége se terminait par un attelage de mules rétives, que maintenaient à grand’peine trois ou qua-