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laire blanchi à la chaux et percé de portes donnant accès aux palcos, aux tendidos et aux asientos de barrera ou servant aux besoins de la place, c’était tout. Il est singulier que l’Espagne, qui pousse jusqu’à la passion le goût des courses de taureaux, n’ait jamais songé, même dans ses principales villes, à élever avec des matériaux solides un amphithéâtre digne de ce nom. L’antiquité a pourtant laissé d’excellents modèles en ce genre, et leurs restes sont encore assez considérables pour servir de guide aux architectes modernes. Comment le pays qui seul conserve la tradition des jeux sanglants du cirque, n’a-t-il pas encadré ces scènes émouvantes dans un cercle d’arcades et de colonnes, et fait asseoir le public des derniers gladiateurs sur des bancs de marbre ou de granit ? Un amphithéâtre est pourtant un admirable thème d’architecture. Le Colisée, les cirques de Vérone, d’Arles, de Nîmes et d’Italica, le prouvent abondamment.

Nous avions pris une loge de sombra ; mais le soleil y dardait encore ses rayons, et la projection d’ombre qui séparait l’arène en deux zones, l’une bleuâtre et relativement fraîche, l’autre jaune et absolument torride, ne devait la gagner que dans une demi-heure. Ce petit contre-temps ne nous émut pas beaucoup. Le