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voisine, l’Arno s’y jetant après avoir traversé Pise.

Les maisons qui nous faisaient face sur l’autre quai étaient hautes, d’une architecture sobre et peu récréative ; quelques dômes et quelques tours d’églises lointaines rompaient seuls cette ligne horizontale ; nous apercevions aussi, au delà des toits des édifices, la colline de San-Miniato, avec son église et ses cyprès, dont le nom nous était resté accroché dans l’esprit, quoique nous ne fussions jamais venu à Florence, par la lecture du Lorenzaccio d’Alfred de Musset, dont la cinquième scène porte pour désignation ce lieu de scène : Devant l’église de San Miniato à Montolivet. Comment ce détail insignifiant se retrouvait-il dans notre mémoire au bout de tant d’années, lorsque nous avons oublié tant de choses plus importantes ? Que celui-là le dise qui peut dérouler les circonvolutions mystérieuses des pauvres cervelles humaines.

Le beau pont de la Trinité, de l’architecte Ammanato, enjambait, à notre droite, le fleuve Arno de ses trois légères arches surbaissées ; de cette manière, il offre moins de prise aux eaux dans le temps des crues et des débordements. — Il est orné des statues des quatre saisons, qui, de loin, produisent un effet assez monumental.

Nous avions à notre gauche le pont alla Carraïa, un