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beauté. Les coteaux herpétiques et verruqueux disparaissent ou se revêtent de végétation.

Les villes commencent à se montrer sur le bord de la route, les cyprès dressent leur flèche noire, les pins d’Italie arrondissent leur vert parasol ; un souffle plus caressant et plus tiède vous permet d’entr’ouvrir votre manteau ; l’olivier risque à l’air, sans frissonner, son triste et glauque feuillage ; on sent un mouvement de piétons, de chevaux et de voitures, l’approche d’une grande ville vivante, chose rare en Italie, cet ossuaire de villes mortes.

La nuit était tombée lorsque nous arrivâmes à la porte San-Gallo. Un déjeuner assez mesquin, quoique arrosé de vin passable contenu dans de grandes fiasques de verre blanc nattées de sparterie, avalé à la frontière de Toscane, nous faisait désirer vivement, malgré notre sobriété ordinaire, un Aigle noir, un Lion rouge, un Soleil d’or, ou une Croix de Malte quelconque pour vaquer, comme dit Rabelais, « à cette réparation de dessous le nez » qui inquiétait tant ce bon Panurge. Nos yeux avaient fait leurs quatre repas bons ou mauvais ; mais notre estomac n’en avait fait qu’un, et bien maigre encore !

Florence a son corset noué d’une ceinture de forti-