Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blable muraille. Une inscription en style hospitalier constate cette attention bienveillante de Léopold, attention dont nous le remercions du fond du cœur.

À cet endroit, l’on sort de la Romagne pour entrer dans la Toscane ; autre visite de douane : un inconvénient de ces États morcelés en petites principautés. On passe sa vie à ouvrir et à fermer sa malle, occupation monotone, qui finit par rendre furieux les plus flegmatiques. Heureusement, nous nous sommes fait là-dessus un système de philosophie que nous avons déjà développé à propos de la douane romagnole. Nous jetons notre clef à qui veut la prendre, ou nous la laissons dans la serrure, et nous allons paisiblement contempler le paysage, facilité que ne laisse pas toujours l’implacable diligence. À ce point de vue, il est peut-être à regretter qu’il n’y ait pas plus de douanes.

Quoique la route n’atteigne jamais aux escarpements abrupts et aux impossibles montagnes russes de Salinas et de la Descarga en Espagne, les côtes souvent sont assez roides pour nécessiter l’aide des bœufs. — Nous voyons toujours arriver avec plaisir le pesant attelage à la tête baissée sous le joug, au mufle humide, au grand œil paisible, aux jambes puissamment déjetées ; d’abord, il est pittoresque en lui-même, il amène tou-