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lui qu’une trêve bien courte entre deux campagnes nouvelles. Mais voilà qu’au milieu de ses prouesses les plus galantes, arrive de la province un jeune gentilhomme prompt à l’attaque, rempli d’ardeur, âpre au combat, amoureux de la lutte et qui, plein de haine contre le marquis qu’il n’a jamais vu et dont la réputation l’offusque, met du premier coup le siége devant la boutique de Geneviève et devant le boudoir de la marquise : tel un général d’armée attaque à la fois une bicoque et une citadelle.

La bataille engagée, il se trouve que la mercière résiste comme la marquise ; tendres soupirs, œillades enflammées, les protestations les plus chaudes, les ruses les plus habiles, les roueries les plus galantes, rien n’y peut. Cependant le péril subsiste, et l’on ne sait pas comment l’aventure finirait si le mari n’arrivait inopinément de l’armée. Il n’a rien vu, il ne sait rien, une minute lui fait tout comprendre. Le hasard, à vrai dire, l’y aide un peu, l’étourderie du vicomte aussi ; et le marquis, placé entre la mercière du Cocon d’or qu’il a courtisée et sa femme qu’il veut défendre, accepte gaiement la situation. Réputation oblige comme noblesse.

Un combat à armes courtoises ; l’esprit, l’amour et la