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les bords de la plaie. Le premier objet qu’il aperçut en ouvrant les yeux, ce fut Militona, qui tendait une bandelette au chirurgien. La tia Aldonza, accourue au bruit, se tenait debout de l’autre côté du chevet et marmottait à demi-voix des phrases de condoléance.

Le chirurgien, ayant achevé le pansement, se retira et dit qu’il reviendrait le lendemain.

Andrès, dont les idées commençaient à se débrouiller, promenait un regard encore vague sur ce qui l’entourait ; il s’étonnait de se trouver dans cette chambre blanche, sur ce chaste petit lit, entre un ange et une sorcière ; son évanouissement formait une lacune dans ses souvenirs, et il ne s’expliquait pas la transition qui l’avait amené de la rue, où tout à l’heure il se défendait contre la navaja de Juancho, dans le frais paradis habité par Militona.

« Je t’avais bien dit que Juancho ferait quelque malheur. Quel regard furieux il nous lançait ! ça ne pouvait manquer. Nous voilà dans de beaux draps ! Et quand il apprendra que tu as recueilli ce jeune homme dans ta chambre !

— Pouvais-je le laisser mourir sur ma porte, répondit Militona, moi qui suis cause de son malheur ? Et, d’ailleurs, Juancho ne dira rien ; il aura fort à faire pour échapper au châtiment qu’il mérite.