qui fut posé doucement sur le petit lit virginal, à la couverture de mousseline dentelée.
L’un des serenos alla chercher un chirurgien, et l’autre, pendant que Militona déchirait quelque linge pour faire des bandelettes et de la charpie, tâtait les poches d’Andrès pour voir s’il ne s’y trouvait pas quelque carte ou quelque lettre qui pût servir à constater son identité. Il ne trouva rien. Le chiffon de papier sur lequel Militona prévenait Andrès du danger qu’il courait était tombé de sa poche pendant la lutte, et le vent l’avait emporté bien loin ; ainsi, jusqu’au retour du blessé à la vie, nulle indication ne pouvait mettre la police sur la voie.
Militona raconta qu’elle avait entendu le bruit d’une querelle, puis un homme tomber, et ne dit pas autre chose. Bien qu’elle n’aimât pas Juancho, elle ne l’aurait pas dénoncé pour un crime dont elle était la cause involontaire. Les violences du torero, quoiqu’elles l’effrayassent, prouvaient une passion sans bornes, et, même lorsqu’on ne la partage pas, on est toujours secrètement flatté de l’inspirer.
Enfin le chirurgien arriva et visita la blessure, qui n’avait rien de très grave : la lame du couteau avait glissé sur une côte. La force du coup et la rudesse de la chute, jointes à la perte de sang, avaient étourdi Andrès, qui revint à lui dès que la sonde toucha