Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

et dénoncé aux regards vigilants de Juancho.

« Bon ! je suis pris, dit Andrès ; faisons bonne contenance. »

Juancho, jetant à terre sa guitare, qui résonna lugubrement sur le pavé, courut et s’avança sur Andrès, dont la figure était éclairée et qu’il reconnut aussitôt.

« Que venez-vous faire ici à cette heure ? dit-il d’une voix tremblante de colère.

— J’écoute votre musique : c’est un plaisir délicat.

— Si vous l’avez bien écoutée, vous avez dû entendre que je défends à qui que ce soit de se trouver dans cette rue quand j’y chante.

— Je suis très désobéissant de ma nature, répondit Andrès avec un flegme parfait.

— Tu changeras de caractère aujourd’hui.

— Pas le moins du monde, j’aime mes habitudes.

— Eh bien ! défends-toi ou meurs comme un chien », cria Juancho en tirant sa navaja et en roulant son manteau sur son bras.

Ces mouvements furent imités par Andrès, qui se trouva en garde avec une promptitude qui démontrait une bonne méthode et qui surprit un peu le torero, car Andrès avait longtemps travaillé sous un des plus habiles maîtres de Séville, de même