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« Pourvu qu’elle sache lire, » dit Andrès en achevant sa boisson glacée et en payant sa dépense au Valencien, maître de l’orchateria.

Il se leva et marcha lentement sous la fenêtre. Voici ce que la lettre contenait :

« Un homme qui ne peut vous oublier, et qui ne le voudrait pas, cherche à vous revoir ; mais d’après les quelques mots que vous lui avez dits au Cirque, et ne sachant pas votre vie, il aurait peur, en l’essayant, de vous causer quelque contrariété. Le péril qui ne serait que pour lui ne l’arrêterait pas. Éteignez votre lampe et jetez-lui votre réponse par la fenêtre. »

Au bout de quelques minutes la lampe disparut, la fenêtre s’ouvrit, et Militona, en prenant sa jarre, fit tomber un des pots de basilic qui vint se briser en éclats à quelque distance de don Andrès.

Dans la terre brune qui s’était répandue sur le pavé, brillait quelque chose de blanc ; c’était la réponse de Militona.

Andrès appela un sereno (garde de nuit) qui passait avec son falot au bout de sa lance, et le pria de baisser sa lanterne, à la lueur de laquelle il lut ce qui suit, écrit d’une main tremblante et en grosses lettres désordonnées :

« Éloignez-vous… je n’ai pas le temps de vous en écrire plus long. Demain je serai à dix heures dans