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qui ne saurait manquer de résulter d’une rencontre entre Juancho et lui.

Andrès, accoudé sur la table, examinait avec une attention de mouchard épiant un complot les gens qui entraient dans la maison. Il passa des femmes, des hommes, des enfants, des gens de tout âge, d’abord en grand nombre, car la maison était peuplée de beaucoup de familles, et puis à intervalles plus éloignés ; peu à peu la nuit était venue, et il n’y avait plus à rentrer que quelques retardataires. Militona n’avait point paru.

Andrès commençait à douter de la bonté des renseignements de son émissaire, lorsque la fenêtre obscure s’éclaira et fit voir que la chambre était habitée.

Il avait la certitude que Militona était bien dans sa chambre, mais cela ne l’avançait pas à grand-chose ; il écrivit quelques mots au crayon sur un papier, et, appelant Perico qui rôdait aux alentours, lui dit de l’aller porter à la belle manola.

Perico, se glissant sur les pas d’un locataire qui rentrait, s’engagea dans l’escalier noir, et, tâtant les murs, finit par arriver au palier supérieur. La lueur qui filtrait par les interstices des ais lui fit découvrir la porte qui devait être celle de Militona ; il frappa deux coups discrètement ; la jeune fille entrebâilla le guichet, prit la lettre et referma le petit volet.