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Et là-dessus il se leva brusquement et sortit en grommelant :

« Je saurai bien le trouver et lui mettre trois pouces de fer dans le ventre. »

Retournons maintenant auprès d’Andrès, qui, piteusement planté devant le piano, fait sa partie dans le duo de Bellini avec un luxe de notes fausses à désespérer Feliciana. Jamais soirée élégante ne lui avait inspiré plus d’ennui, il donnait à tous les diables la marquise de Benavidès et sa tertulia.

Le profil si pur et si fin de la jeune manola, ses cheveux de jais, son œil arabe, sa grâce sauvage, son costume pittoresque, lui faisaient prendre un plaisir médiocre aux douairières en turban qui garnissaient le salon de la marquise. Il trouva sa fiancée décidément laide, et sortit tout à fait amoureux de Militona.

Comme il descendait la rue d’Alcala pour retourner chez lui, il se sentit tirer par la basque de son habit ; c’était Perico qui, ayant fait de nouvelles découvertes, tenait à lui rendre compte de sa mission, et aussi peut-être à toucher le douro promis.

« Cavalier, dit l’enfant, elle demeure dans la rue del Povar, la troisième maison à droite. Je l’ai vue tantôt à sa fenêtre, qui prenait la jarre à rafraîchir l’eau. »