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d’une sueur perlée, rafraîchissait l’eau à la brise naissante du soir, et laissait tomber quelques gouttes sur deux pots de basilic placés au-dessous. Cette fenêtre, c’était celle de la chambre de Militona. De la rue un observateur eût deviné tout de suite que ce nid était habité par un jeune oiseau ; la jeunesse et la beauté exercent leur empire même sur les choses inanimées, et y posent involontairement leur cachet.

Si vous ne craignez pas de vous engager avec nous dans cet escalier aux marches calleuses, à la rampe miroitée, nous y suivrons Militona, qui monte en sautillant les degrés rompus avec toute l’élasticité d’un jarret de dix-huit ans ; elle nage déjà dans la lumière des étages supérieurs, tandis que la tia Aldonza, retenue dans les limbes obscurs des premières marches, pousse des han ! de saint Joseph et se pend désespérément des deux mains à la corde grasse.

La belle fille, soulevant un bout de sparterie jetée devant une de ces portes de sapin à petits panneaux multipliés si communes à Madrid, prit sa clef et ouvrit.

Une si pauvre chambre ne pouvait guère tenter les voleurs et n’exigeait pas de grandes précautions de fermeture : absente, Militona la laissait ouverte ; mais, quand elle y était, elle la fermait soigneusement. Il y avait alors un trésor dans ce mince