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pas de manière heureuse de rentrer en conversation, n’adressa plus un mot à Militona, et même il se leva quelques minutes avant la fin de la course.

En enjambant les gradins pour se retirer, il dit tout bas quelques mots à un jeune garçon à physionomie intelligente et vive et disparut.

Le petit drôle, lorsque le public sortit, eut soin de marcher dans la foule, sans affectation et de l’air le plus dégagé du monde, derrière Militona et la duègne. Il les laissa remonter toutes deux dans leur calesin, puis, ayant l’air de céder à un mouvement de gaminerie lorsque la voiture s’ébranla sur ses grandes roues écarlates, il se suspendit à la caisse des pieds et des mains, en chantant à tue-tête la chanson populaire des taureaux de Puerto.

La voiture s’éloigna dans un tourbillon de bruit et de poussière.

« Bon, se dit Andrès, qui vit d’une allée du Prado où il était déjà parvenu, passer le calesin à toute vitesse avec le muchacho hissé par derrière, je saurai ce soir l’adresse de cette charmante créature, et que le duo de Bellini me soit léger ! »