Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée

marchand se tenait aux environs, comptant sur une vente forcée.

« Señorita, voulez-vous de ces pastilles ? » dit Andrès avec un sourire engageant à sa belle voisine, en lui présentant la boîte ouverte.

La jeune fille se retourna vivement et regarda Andrès d’un air de surprise inquiète.

« Elles sont au citron et à la menthe », ajouta Andrès comme pour la décider.

Militona, prenant tout à coup sa résolution, plongea ses doigts menus dans la boîte et en retira quelques pincées de pastilles.

« Heureusement Juancho a le dos tourné, grommela un homme du peuple qui se trouvait là ; autrement il y aurait du rouge de répandu ce soir.

— Et madame, en désire-t-elle ? » continua Andrès du ton le plus exquisement poli, en tendant la boîte à l’horrible vieille, que ce trait d’audace déconcerta au point qu’elle prit, dans son trouble, toutes les pastilles sans en laisser une.

Toutefois, en vidant la bonbonnière dans le creux de sa main noire comme celle d’une momie, elle jeta un coup d’œil furtif et effaré sur le cirque et poussa un énorme soupir.

En ce moment l’orchestre sonna la mort : c’était le tour à Juancho de tuer. Il se dirigea vers la loge de l’ayuntamiento, fit le salut et la demande