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arrangeait pas moins ses coudes dans sa mantille de serge, bordée de velours, avec une certaine coquetterie, et manégeait assez prétentieusement un grand éventail de papier vert.

Il n’est pas probable que ce fût l’aspect de cette aimable compagnonne qui amenât un éclair de satisfaction sur le visage de don Andrès.

La seconde personne était une jeune fille de seize à dix-huit ans, plutôt seize que dix-huit ; une légère mantille de taffetas, posée sur la galerie d’un haut peigne d’écaille qu’entourait une large natte de cheveux tressés en corbeille, encadrait sa charmante figure d’une pâleur imperceptiblement olivâtre. Son pied, allongé sur le devant du calesin et d’une petitesse presque chinoise, montrait un mignon soulier de satin à quartier de ruban et le commencement d’un bas de soie à coins de couleur bien tiré. Une de ses mains délicates et fines, bien qu’un peu basanées, jouait avec les deux pointes de la mantille, et l’autre, repliée sur un mouchoir de batiste, faisait briller quelques bagues d’argent, le plus riche trésor de son écrin de manola ; des boutons de jais miroitaient à sa manche et complétaient ce costume rigoureusement espagnol.

Andrès avait reconnu la délicieuse tête dont le souvenir le poursuivait depuis huit jours.

Il doubla le pas et arriva en même temps que le calesin à l’entrée de la place des Taureaux : le cale-