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le bateau à vapeur qui fait la traversée de Cadix à Puerto, ou, à son défaut, une de ces petites barques qui ont un œil ouvert, peint de chaque côté de leur taille-mer, ce qui donne à leur proue une apparence de visage humain des plus singulières.

Il régnait sur le port une activité et un mouvement extraordinaires ; les patrons des barques s’arrachaient les pratiques et passaient alternativement des flatteries aux menaces ; les cris, les jurons, les quolibets croisaient leurs feux roulants, et, de minute en minute, un esquif, livrant au vent sa voile latine, était emporté comme une plume de cygne sur le bleu cristal de la rade.

Andrès et Militona prirent place à la poupe de l’une d’elles, dont le patron fredonnait gaiement, en tendant le coude à la jeune femme pour la faire monter à son bord, le vers de la chanson des taureaux de Puerto.


Levez un peu ce petit pied !


Cadix présente un aspect admirable du côté de la mer, et mérite tout à fait les éloges que Byron lui adresse dans ses strophes. On dirait une ville d’argent posée entre deux coupoles de saphir : c’est la patrie des belles femmes, et ce n’est pas faire un médiocre éloge de Militona que de dire qu’