Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

je ne commettrai pas cette barbarie. Il vaudrait mieux l’étouffer avec son oreiller, comme fait le nègre à la jeune dame de Venise dans la pièce que j’ai vue au théâtre del Circo. Mais pourtant, elle ne m’a pas trompé, elle ne m’a pas fait de faux serment ; elle a toujours été vis-à-vis de moi d’une froideur désespérante. C’est égal, je l’aime assez pour avoir droit de mort sur elle ! »

Telles étaient, à quelques variantes près, les idées qui occupaient Juancho dans sa prison.

Andrès revenait à la santé à vue d’œil ; il s’était levé, et, appuyé sur le bras de Militona, avait pu faire le tour de la chambre et aller respirer l’air à la fenêtre ; bientôt ses forces lui avaient permis de descendre dans la rue et d’aller chez lui faire les dispositions nécessaires pour son prochain mariage.

Sir Edwards, de son côté, s’était déclaré ; il avait demandé dans les règles la main de Feliciana Vasquez de los Rios à don Geronimo, qui la lui avait accordée avec empressement. Il s’occupait de la corbeille et faisait venir de Londres des robes et des parures d’une richesse fabuleuse et d’un goût exorbitant. Les cachemires, choisis dans la gamme jonquille, écarlate et vert-pomme, eussent défié les investigations de M. Biétry. Ils avaient été rapportés de Lahore, cette métropole de châles, par sir Edwards lui-même, qui possédait