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compartiment par Juancho, s’élança tête basse sur la troupe effrayée.

Les pauvres diables n’eurent que le temps bien juste de sauter par-dessus les barrières : l’un d’eux ne put éviter un large accroc à ses chausses.

« Diable! dirent Argamasilla et Covachuelo, cela va devenir un siège dans les règles.

— Tentons un nouvel assaut. »

Cette fois, deux taureaux sortirent ensemble et fondirent sur les assaillants ; mais comme ceux-ci se dispersèrent avec la légèreté que donne la peur, les bêtes farouches, ne voyant plus d’ennemis humains, se tournèrent l’une contre l’autre, croisèrent leurs cornes, et, le mufle dans le sable, firent de prodigieux efforts pour se renverser.

Covachuelo cria à Juancho, en tenant avec précaution le battant de la porte :

« Camarade, vous avez encore cinq taureaux à lâcher : nous connaissons vos munitions. Après cela, il faudra vous rendre, et vous rendre sans capitulation. Sortez de votre propre mouvement, et je vous accompagnerai à la prison avec tous les égards possibles, sans menottes ni poucettes, dans un calesin à vos frais, et je ne ferai aucune mention sur le rapport de la résistance que vous avez faite aux agents de l’autorité, ce qui aggraverait votre peine ; suis-je gentil ? »

Juancho, ne voulant pas disputer plus longtemps une