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et la cachucha lui étaient inconnus ; mais elle excellait dans la contredanse, le rigodon et la valse à deux temps ; elle n’allait jamais aux courses de taureaux, trouvant ce divertissement « barbare » ; en revanche, elle ne manquait pas d’assister aux premières représentations des vaudevilles traduits de Scribe, au théâtre del Principe, et de suivre les représentations des chanteurs italiens au théâtre del Circo. Le soir, elle allait faire au Prado un tour en calèche, coiffée d’un chapeau venant directement de Paris.

Vous voyez que doña Feliciana Vasquez de los Rios était sur tous points une jeune personne parfaitement convenable.

C’était ce que disait don Andrès ; seulement il n’osait pas formuler vis-à-vis de lui-même le complément de cette opinion : parfaitement convenable, mais parfaitement ennuyeuse !

On demandera pourquoi don Andrès faisait la cour dans des vues conjugales à une femme qui lui plaisait médiocrement. Était-ce par avidité ? Non ; la dot de Feliciana, quoique d’un chiffre assez rond, n’avait rien qui pût tenter Andrès de Salcedo, dont la fortune était pour le moins aussi considérable : ce mariage avait été arrangé par les parents des deux jeunes gens, qui s’étaient laissé faire sans objection ; la fortune, la naissance, l’âge, les rapports d’intimité, l’amitié contractée dès l’enfance,