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Mais vous, qui êtes-vous ? il est bien temps de le demander, n’est-ce pas ?

— Andrès de Salcedo est mon nom. J’ai assez de fortune pour ne faire que ce qui me paraît honorable, et ne dépends de personne au monde.

— Et vous n’avez pas quelque novia bien belle, bien parée, bien riche ? » dit Militona avec une curiosité inquiète.

Andrès aurait bien voulu ne pas mentir ; mais la vérité n’était pas aisée à dire. Il fit une réponse vague.

Militona n’insista pas, mais elle pâlit un peu et devint rêveuse.

« Pourriez-vous me faire donner un bout de plume et un carré de papier ? Je voudrais écrire à quelques amis qui doivent être inquiets de ma disparition, et les rassurer sur mon sort. »

La jeune fille finit par trouver au fond de son tiroir une vieille feuille de papier à lettres, une plume tordue, une écritoire où l’encre desséchée formait comme un enduit de laque.

Quelques gouttes d’eau rendirent à la noire bourbe sa fluidité primitive, et Andrès put griffonner sur ses genoux le billet suivant, adressé à don Geronimo Vasquez de los Rios :


« Mon futur beau-père,

« Ne soyez pas inquiet de ma disparition ; un accident qui n’aura pas de suites graves me retient pour