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tâchant de soulever un peu sa tête de dessus l’oreiller.

La situation était horrible ; cette scène n’avait fait aucun bruit qui pût alarmer les voisins. Et d’ailleurs les voisins, retenus par la terreur qu’inspirait Juancho, se seraient plutôt enfermés chez eux qu’ils n’auraient eu l’idée d’intervenir dans un semblable débat ; aller chercher la police ou la force armée demandait beaucoup de temps, et il aurait fallu que quelqu’un du dehors fût prévenu, car il n’y avait pas moyen de songer à s’échapper de la chambre fatale.

Aussi le pauvre Andrès, déjà frappé d’un coup de couteau, affaibli par la perte de son sang, n’ayant pas d’armes et hors d’état d’en faire usage quand il en aurait eu, embarrassé de linges et de couvertures, se trouvait à la merci d’un brutal ivre de jalousie et de rage, sans qu’aucun moyen humain pût le défendre : tout cela parce qu’il avait regardé le profil d’une jolie manola à la course de taureaux. Il est permis de croire qu’en ce moment il regrettait le piano, le thé et les mœurs prosaïques de la civilisation. Cependant il jeta un regard suppliant à Militona, comme pour la prier de ne pas essayer une lutte inutile, et il la trouva si radieusement belle dans la blancheur de son épouvante, qu’il ne fut pas fâché de l’avoir connue même à ce prix.