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Les deux agents se livrèrent à de nouvelles recherches et découvrirent que le jeune homme blessé et recueilli par Militona était le même qui avait acheté des habits au Rastro. Le rapport du sereno et celui du fripier concordaient parfaitement. Veste chocolat, gilet bleu, ceinture rouge, il n’y avait pas à s’y tromper.

Cette circonstance dérangeait un peu les espérances d’Argamasilla et de Covachuelo relativement à la conspiration. La disparition d’Andrès leur eût été plus commode. La chose avait l’air de se réduire à une simple intrigue amoureuse, à une innocente querelle de rivaux, à un meurtre pur et simple, ce qu’il y a au monde de plus insignifiant. Les voisins avaient entendu la sérénade, tout s’expliquait.

Covachuelo dit en soupirant :

« Je n’ai jamais eu de bonheur. »

Argamasilla répondit d’un ton larmoyant :

« Je suis né sous une étoile enragée. »

Pauvres amis ! flairer une conspiration et mettre la main sur une méchante petite rixe suivie seulement de blessures graves ! C’était navrant.

Retournons à Juancho, que nous avons abandonné depuis son combat au couteau contre Andrès. Une heure après il était retourné, à pas de loup, sur le théâtre de la lutte, et, à sa grande surprise, il n’avait pas retrouvé le corps à la place où