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donna profondément à réfléchir aux deux agents. Ils surent aussi qu’en sortant de chez lui, Andrès avait descendu la rue d’Alcala jusqu’à la calle ancha de Peligros : ce détail précieux leur fut donné par un portefaix asturien qui se tenait habituellement devant la porte.

Ils se transportèrent rue de Peligros, et parvinrent à découvrir qu’Andrès y avait effectivement passé l’avant-veille, à six heures et quelques minutes ; de fortes présomptions pouvaient faire croire qu’il avait suivi son chemin par la rue de la Cruz.

Ce résultat important obtenu, fatigués par la violente contention d’esprit qu’il avait fallu pour y parvenir, ils entrèrent dans un ermitage, c’est ainsi qu’on appelle les cabarets à Madrid, et se mirent à jouer aux cartes en sablant une bouteille de vin de Manzanilla. La partie dura jusqu’au matin.

Après un court sommeil, ils reprirent leurs recherches et parvinrent à suivre rétrospectivement Andrès jusqu’aux environs du Rastro ; là ils perdirent ses traces, personne ne pouvait plus leur donner des nouvelles du jeune homme en redingote noire, en gilet de piqué jaune, en pantalon blanc. Évaporation complète ! Tous l’avaient vu aller, nul ne l’avait vu revenir… Ils ne savaient que penser. Andrès ne pouvait cependant avoir été escamoté en plein jour dans un des quartiers les plus populeux de Madrid ; à moins qu’une trappe ne se fût ouverte