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dans vingt-quatre heures nous saurons à quoi nous en tenir. »

Don Geronimo remercia, salua et sortit plein de confiance. Il retourna chez lui et fit le récit de la conversation qu’il avait eue avec la police à sa fille, qui n’eut pas un instant l’idée que le manolo blessé rue del Povar pût être son fiancé.

Feliciana pleurait la perte de son novio avec la réserve d’une demoiselle bien née ; car il serait indécent à une jeune personne de paraître regretter trop vivement un homme. De temps à autre, elle portait à ses yeux son mouchoir bordé de dentelles, pour essuyer une larme qui germait péniblement dans le coin de sa paupière. Les duos délaissés traînaient mélancoliquement sur le piano fermé : signe de grande prostration morale chez Feliciana. Don Geronimo attendait avec impatience que les vingt-quatre heures fussent écoulées pour voir le triomphant rapport de Covachuelo et d’Argamasilla.

Les deux spirituels agents allèrent d’abord à la maison d’Andrès, et firent causer adroitement les valets sur les habitudes de leur maître. Ils apprirent que don Andrès prenait du chocolat le matin, faisait la sieste à midi, s’habillait sur les trois heures, allait chez doña Feliciana Vasquez de los Rios, dînait à six heures et rentrait se coucher vers minuit, après la promenade ou le spectacle, ce qui