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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

d’abord ; elle en connaît trop le prix pour ne pas vous les faire acheter ; elle sait trop bien aussi ce qu’un juste retard donne de vivacité au désir, et le ragoût qu’une demi-résistance ajoute au plaisir, pour se livrer à vous tout d’abord, si vif que soit le goût que vous lui ayez inspiré.

Pour te conter la chose tout au long, il faut remonter un peu plus haut. Je t’ai fait un récit assez circonstancié de notre première entrevue. J’en ai eu encore une ou deux autres dans la même maison ou même trois, puis elle m’a invité à aller chez elle ; je ne me suis pas fait prier, comme tu peux bien le croire ; j’y suis allé avec discrétion d’abord, puis un peu plus souvent, puis encore plus souvent, puis enfin toutes les fois que l’envie m’en prenait, et je dois avouer qu’elle m’en prenait au moins trois ou quatre fois par jour. — La dame, après quelques heures d’absence, me recevait toujours comme si je fusse revenu des Indes orientales ; ce à quoi j’étais on ne peut plus sensible, et ce qui m’obligeait à montrer ma reconnaissance d’une manière marquée par les choses les plus galantes et les plus tendres du monde, auxquelles elle répondait de son mieux.

Rosette, puisque nous sommes convenus de l’appeler ainsi, est une femme d’un grand esprit et qui comprend l’homme de la manière la plus admirable ; quoiqu’elle ait retardé quelques temps la conclusion du chapitre, je n’ai pas pris une seule fois de l’humeur contre elle : ce qui est vraiment merveilleux ; car tu sais les belles fureurs où j’entre lorsque je n’ai pas sur-le-champ ce que je désire, et qu’une femme dépasse le temps que je lui ai assigné dans ma tête pour se rendre. — Je ne sais pas comment elle a fait ; dès la première entrevue elle m’a fait comprendre que