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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

ni les curiosités dignes de Callot, ni les effets d’ombre et de clair à la façon de Goya, rien n’a pu trouver grâce devant eux ; ils l’ont renvoyé à ses odes, quand il a fait des romans ; à ses romans, quand il a fait des drames : tactique ordinaire des journalistes qui aiment toujours mieux ce qu’on a fait que ce qu’on fait. Heureux homme, toutefois, que celui qui est reconnu supérieur même par les feuilletonistes dans tous ses ouvrages, excepté, bien entendu, celui dont ils rendent compte, et qui n’aurait qu’à écrire un traité de théologie ou un manuel de cuisine pour faire trouver son théâtre admirable !

Pour le roman de cœur, le roman ardent et passionné, qui a pour père Werther l’Allemand, et pour mère Manon Lescaut la Française, nous avons touché, au commencement de cette préface, quelques mots de la teigne morale qui s’y est désespérément attachée sous prétexte de religion et de bonnes mœurs. Les poux critiques sont comme les poux de corps qui abandonnent les cadavres pour aller aux vivants. Du cadavre du roman moyen âge les critiques sont passés au corps de celui-ci, qui a la peau dure et vivace et leur pourrait bien ébrécher les dents.

Nous pensons, malgré tout le respect que nous avons pour les modernes apôtres, que les auteurs de ces romans appelés immoraux, sans être aussi mariés que les journalistes vertueux, ont assez généralement une mère, et que plusieurs d’entre eux ont des sœurs et sont pourvus d’une abondante famille féminine ; mais leurs mères et leurs sœurs ne lisent pas de romans, même de romans immoraux ; elles cousent, brodent et s’occupent des choses de la maison. — Leurs bas, comme dirait M. Planard, sont — d’une entière blancheur : vous les pouvez regarder aux jambes, — elles ne sont pas bleues, et le bonhomme Chrysale, lui qui haïssait tant les femmes savantes, les proposerait pour exemple à la docte Philaminte.

Quant aux épouses de ces messieurs, puisqu’ils en ont tant, si virginaux que soient leurs maris, il me semble, à moi, qu’il est de certaines choses qu’elles doivent savoir. — Au fait, il se peut bien qu’ils ne leur aient rien montré. Alors je comprends qu’ils tiennent à les maintenir dans cette précieuse et benoîte ignorance. Dieu est grand et Mahomet est son pro-