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de descendra brusquement dans le noir à, une profondeur inconnue dura trois ou quatre secondes peut-être qui parurent des siècles au jeune prince romain. Un choc violent l’interrompit. Par bonheur à cet endroit le sol, composé de détritus, n’était pas dur et Lothario, un instant étourdi, reprit bientôt ses sens. Il se tâta, respira fortement, allongea les bras et les jambes et se convainquit qu’il n’avait rien de cassé. Cette constatation faite, il se dit qu’il fallait reconnaître la place, chose assez difficile dans cette obscurité plus dense, plus opaque et plus noire que celle du puits de l’abîme. Lothario était fumeur, et cette idée lui vint fort à propos qu’il devait avoir en poche une de ces boîtes d’allumettes de cire qui viennent de Marseille et se répandent par le monde entier ; il tâta son habit et sentit le mince relief de la boite. Il frotta une allumette sur le papier de verre, et à la clarté pétillante qui en résulta il examina