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brocatelle, reposait sur un soubassement, où Polydore de Caravage avait, au milieu d’une architecture feinte, encadré des médaillons de bronze rehaussés de hachures d’or, contenant des scènes et des attributs mythologiques. Les dieux et les déesses dans une nudité olympienne se livraient à de violentes crispations musculaires, pour tendre leur coupe au nectar d’Hébé ou prendre l’ambroisie, nourriture des immortels, sur de grands plats d’argent. Leurs torses, d’un ton orangé, se détachaient d’un ciel dont le bleu avait noirci, et leurs pieds s’appuyaient sur des flocons de nuages blancs, semblables à des éclats de marbre ; tous ces dieux du paganisme à qui l’art avait redonné une sorte de vie, semblaient regarder d’un air dédaigneux les mortels trop modernes, qui installaient leur dîner terrestre au-dessous de leur banquet céleste où l’on ne mangeait que de la peinture. Junon, son paon entre