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l’ornement. Aucun chien ne regarde une peinture et ne se met de boucles d’oreilles. Eh bien, Myrza, à la vue du portrait dressé contre le mur par Bonnegrâce, s’élança du tabouret sur lequel elle était roulée en boule, s’approcha de la toile et se mit à aboyer avec fureur, essayant de mordre cet inconnu qui s’était ainsi introduit dans la chambre. Sa surprise parut extrême lorsqu’elle fût forcée de reconnaître qu’elle avait affaire à une surface plane, que ses dents ne pouvaient saisir, et que ce n’était là qu’une trompeuse apparence. Elle flaira la peinture, essaya de passer derrière le cadre, nous regarda tous deux avec une interrogation étonnée et retourna à sa place, où elle se rendormit dédaigneusement, ne s’occupant plus de ce monsieur peint. Les traits de Myrza ne seront pas perdus pour la postérité : il existe d’elle-même un beau portrait de