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qu’il entendait le fifre et le tambourin, il courait sur la place, se glissait entre les jambes des spectateurs, et observait avec une attention profonde les chiens savants exécutant leurs exercices ; mais, gardant le souvenir du coup de fouet, il ne se mêlait plus à leurs danses ; il notait leurs pas, leurs poses et leurs grâces, et il les travaillait, la nuit, dans le silence du cabinet, sans jamais se départir, le jour, de son austérité d’attitude. Bientôt il ne lui suffit plus de copier, il inventa, il composa ; et nous devons dire que, dans le genre noble, peu de chiens le surpassèrent. Nous allions souvent le voir par la porte entrebâillée ; il mettait un tel feu à ses exercices, qu’il lapait, chaque nuit, la jatte d’eau posée au coin de la chambre.

Quand il se crut sûr de lui et l’égal des plus forts danseurs quadrupèdes, il sentit le besoin d’ôter le boisseau de dessus la