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ou causez avec moi, si je vous amuse ; Monsieur va descendre. » À notre entrée, elle se retire discrètement sur un fauteuil ou sur l’angle du piano et écoute la conversation, sans s’y mêler, comme un animal de bon goût et qui sait son monde.

La gentille Éponine a donné tant de preuves d’intelligence, de bon caractère et de sociabilité, qu’elle a été élevée d’un commun accord à la dignité de personne, car une raison supérieure à l’instinct la gouverne évidemment. Cette dignité lui confère le droit de manger à table comme une personne et non dans un coin, à terre, sur une soucoupe, comme une bête. Éponine a donc sa chaise à côté de nous au déjeuner et au dîner ; mais, vu sa taille, on lui a concédé de poser sur le bord de la table ses deux pattes de devant. Elle a son couvert, sans fourchette ni cuiller, mais avec son