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tant entre elles que celles des hommes, et nous savions très bien distinguer à qui appartenaient ces museaux, noirs comme le masque d’Arlequin, éclairés par des disques d’émeraude à reflets d’or.

Enjolras, de beaucoup le plus beau des trois, se faisait remarquer par une large tête léonine à bajoues bien fournies de poils, de fortes épaules, un râble long et une queue superbe épanouie comme un plumeau. Il avait quelque chose de théâtral et d’emphatique, et il semblait poser comme un acteur qu’on admire. Ses mouvements étaient lents, onduleux et pleins de majesté ; on eût dit qu’il marchait sur une console encombrée de cornets de Chine et de verres de Venise, tant il choisissait avec circonspection la place de ses pas. Quant à son caractère, il était peu stoïque ; et il montrait pour la nourriture un penchant qu’eût ré-