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Ces gentilles bêtes dont on a, nous ne savons pourquoi, une horreur puérile, s’apprivoisèrent bientôt de la façon la plus étonnante, lorsqu’elles furent certaines qu’on ne leur voulait point de mal. Elles se laissaient caresser comme des chats, et, vous prenant le doigt entre leurs petites mains roses d’une délicatesse idéale, vous léchaient amicalement. On les lâchait ordinairement à la fin des repas ; elles vous montaient sur les bras, sur les épaules, sur la tête, entraient et ressortaient par les manches des robes de chambre et des vestons, avec une adresse et une agilité singulières. Tous ces exercices, exécutés très-gracieusement, avaient pour but d’obtenir la permission de fourrager les restes du dessert ; on les posait alors sur la table ; en un clin d’œil le rat et la rate avaient déménagé les noix, les noisettes, les raisins secs et les morceaux de sucre.