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vaises études » dans notre ville natale. Une nostalgie dont on ne croirait pas un enfant capable s’empara de nous. Nous ne parlions que patois, et ceux qui s’exprimaient en français « n’étaient pas des nôtres. » Au milieu de la nuit, nous nous éveillions en demandant si l’on n’allait pas bientôt partir et retourner au pays.

Aucune friandise ne nous tentait, aucun joujou ne nous amusait. Les tambours et les trompettes ne pouvaient rien sur notre mélancolie. Au nombre des objets et des êtres regrettés figurait un chien nommé Cagnotte, qu’on n’avait pu amener. Cette absence nous rendait si triste qu’un matin, après avoir jeté par la fenêtre nos soldats de plomb, notre village allemand aux maisons peinturlurées, et notre violon du rouge le plus vif, nous allions suivre le même chemin pour retrouver plus vite Tarbes, les Gascons et Cagnotte. On nous rattrapa