Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’en étaient pas moins gras et rebondis ; mais, hélas ! vint, on ne sait trop pourquoi, la révolution de Février ; beaucoup de pavés furent déplacés dans un but patriotique, et la ville devint peu praticable pour les chevaux et les voitures ; nous aurions bien escaladé les barricades avec nos agiles ponies et leur léger équipage, mais nous n’avions plus crédit que chez le rôtisseur. Nous ne pouvions nourrir nos chevaux avec des poulets rôtis. L’horizon était assombri de gros nuages noirs, traversés de lueurs rouges. L’argent avait peur et se cachait ; la Presse, où nous écrivions, était suspendue ; et nous fûmes bien heureux de trouver quelqu’un qui voulût acheter bêtes, harnais et voitures, pour le quart de ce qu’ils valaient. Ce fut pour nous un amer chagrin, et nous ne jurerions pas que quelques larmes n’aient roulé de nos yeux sur les crinières de Jane et