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acrobatiques qui semblaient leur déplaire beaucoup. Quant à la question de leur nourriture, quelque confiance que nous ayons dans la frugalité méridionale, ces repas d’air nous paraissaient à juste titre insuffisants. Si un amoureux espagnol déjeune d’un verre d’eau, dîne d’une cigarette et soupe d’un air de mandoline, comme le valeureux Don Sanche, les caméléons n’ont pas de ces délicatesses, et ils mangent des mouches qu’ils attrapent d’une façon singulière, en dardant du fond de leur gorge une longue lance, couverte d’une bave visqueuse, qui colle les ailes de l’insecte et en se retirant le ramène dans le gosier.

Les caméléons changent-ils véritablement de couleur selon le milieu où ils se trouvent ? Non pas, dans le sens absolu du mot ; mais leur peau semée de grains à facettes boit plus facilement les reflets des couleurs environnantes