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les dangers courus et la délivrance ; l’espoir de revoir bientôt son époux avait hâté sa guérison.

Dès qu’elle sut la part que j’avais prise à l’évasion, elle vint solennellement me remercier. À ma grande confusion, elle s’agenouilla devant moi, me rendit hommage, comme on faisait à Siam. Puis elle déclara que, puisque mon pauvre mahout était mort à la bataille, je n’aurais plus que des serviteurs, m’étant montré d’intelligence trop supérieure pour avoir besoin d’être dirigé, et qu’elle entendait que je fusse laissé absolument libre dans le parc, les domaines et même dans la ville et la campagne, s’il me plaisait d’aller me promener seul.

Alors commença pour moi une vie charmante. Il me sembla qu’on m’avait élevé à la dignité d’être humain, et le sentiment de responsabilité que ce nouvel état m’inspira fit que je m’appliquai à ne jamais causer de désordre et à rester digne de la confiance que l’on me témoignait. Mais quel plaisir j’avais à gagner la campagne, puis la forêt, à courir librement sous les frondaisons, en écrasant les broussailles, en arrachant de jeunes arbres, comme autrefois, sans contraindre mes mouvements, ainsi que je devais le faire dans un milieu qui, le plus souvent, n’était pas à ma taille. J’usais là un peu de ma force perdue et cela m’apaisait et me délassait de la façon la plus agréable.

Mais, après quelques heures, je sentais combien la solitude d’autrefois me serait impossible à supporter, comme j’étais supérieur à moi-même et loin de la vie sauvage. Une inquiétude me prenait de mes maîtres, de mes amis plutôt ; une peur d’être perdu, abandonné, de ne plus retrouver la route, je me hâtais alors vers la ville, calmé dès que j’apercevais les murs de Golconde, ses dômes couleur de neige, ses fins minarets dépassant les bouquets de palmiers.

Une fois les murs franchis, je flânais dans les rues, traversant les bazars où je savais que chacun s’empressait de m’offrir quelque