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Chapitre IX

L’ÉVASION

La nuit venait ; des lumières piquaient de points rouges toute l’étendue du camp ; des fumées montaient, droites dans l’air tranquille ; je voyais autour des marmites des hommes accroupis, noirs sur la clarté, puis il y eut des danses, des chants et des musiques ; on célébrait la victoire en buvant, en criant, en se disputant ; on simula même des luttes corps à corps qui s’envenimèrent si bien que le sang coula. Puis, peu à peu, le silence se fit, tout s’éteignit ; un lourd sommeil pesa sur ce soir de bataille.

Alors je me dressai sur mes pieds.

Il n’y avait pas de lune, seules les grandes étoiles palpitaient au ciel. J’écoutai ; je regardai dans la demi-obscurité. Les tentes formaient