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il était question d’un anneau de fer avec lequel il t’avait vu jongler. Bref, M. Harlwick me demande si je veux te vendre : « Moi, vendre mon ami, m’écriai-je, vendre un éléphant qui m’a été envoyé par les dieux, qui peut-être est un dieu ! jamais, jamais ! — C’est dommage, reprit M. Oldham, cet éléphant eût fort bien complété notre troupe. — Tant pis ! » dit M. Harlwick. Et j’allais m’en aller quand M. Oldham me retint d’un
le directeur du grand cirque des deux mondes.
signe, et, s’adressant à M. Harlwick : « Mais, monsieur, il y aurait peut-être un moyen de tout arranger : si vous engagiez à la fois l’éléphant et le maître ? — Laissez-moi réfléchir cinq minutes », répondit M. Harlwick. Oh ! M. Harlwick est un sage, et qui sait vite prendre des décisions. Les cinq minutes écoulées, il me dit : « Voulez-vous accepter de faire, avec votre éléphant, partie de notre troupe ? » Moi, je n’avais pas besoin de réfléchir, ne fût-ce qu’une minute, pour accepter. Je ne savais pas bien, à vrai dire, à quel métier M. John Harlwick nous emploierait : mais il semblait un homme riche, qui nous assurait au moins la vie. Et j’ai dit oui, et je ne crois pas avoir lieu de m’en repentir.

Et de nouveau, chantant et riant, Moukounji gambadait autour de moi. Puis, redevenant sérieux :

M. Oldham, avec qui me laissa M. Harlwick, m’a appris quel