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et le cacha dans un endroit écarté de la forêt. Le fiancé, la fête terminée, voulut rentrer chez lui avec sa jeune femme, mais il ne put retrouver son cheval. On battit la forêt, on fouilla les clairières, les invités se dispersèrent pour retrouver les traces de l’animal, mais ils revinrent bientôt sans avoir pu rejoindre le fugitif.

Alors la femme de Hariçarman s’avança et dit :

— Mon mari aurait bien vite retrouvé le cheval perdu ; il est devin et connaît le langage des astres ; pourquoi ne le questionnez-vous pas ?

Sthûladatta fit appeler Hariçarman, et lui dit :

— Peux-tu m’indiquer l’endroit où se trouve le cheval perdu ?

Hariçarman répondit :

— Maître ! tu as convié une foule d’invités pour assister aux fêtes des fiançailles de ta fille ; mais tu n’as pas daigné m’inviter, parce que je ne suis qu’un pauvre brahmane. Vois, pourtant, parmi tous ceux qui sont venus te rendre visite, nul ne saurait te faire retrouver le cheval de ton gendre et tu es forcé d’avoir recours à moi, que tu méprises. N’importe, je ne suis pas rancunier, et je saurai t’indiquer, grâce à la science que je possède, l’endroit où est maintenant celui que tu cherches.

Alors il tira des lignes cabalistiques, fit des cercles magiques et finit par désigner l’endroit où il avait caché le cheval.

À partir de ce moment, on le tint en haute estime dans la maison de Sthûladatta.

Peu de temps après, un vol fut commis dans le palais du roi ; on y avait dérobé des joyaux, des pierres précieuses et de l’or.

Le roi, ayant entendu parler de Hariçarman, le fit venir au palais et lui dit :

— On m’a vanté tes vertus de devin. Saurais-tu m’indiquer les misérables qui ont osé s’introduire dans mon palais pour voler mes trésors ?